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  • Titre:Opéras
  • Auteur:Cyril Duret
  • Année:2015

Peindre avec la musique

De nombreux peintres peignent en musique, ma passion pour Callas m’amène à l’écouter dans l’atelier. Peintre préoccupé par les questions abstraites, j’ai voulu mettre en relief deux choses. Tout d’abord mon rapport passionnel à cette cantatrice, ce qui forme le principe narratif propre à cette production récente. Ensuite la porosité de la peinture à la musique. En effet, j’avais remarqué que ce que j’écoutais conditionnait mon attitude face à la toile. Je me suis alors penché sur cette relation, en écoutant systématiquement le même morceau avant et pendant l’exécution d’un tableau. Cette phase méditative m’inspira des gestes, fonction du rythme musical, des couleurs et des accords chromatiques, fonction des phrasés mélodiques et de la narration particulière au langage chanté.

J’ai tissé autour de cette passion lyricomane des attitudes de fan : j’ai collectionné de nombreuses anecdotes concernant Callas, photographies, disques, exploré toutes les interview et autres traces filmiques, autant de sources que je donne à voir après les avoir remis en forme. Cette matière évoque le sentimentalisme qui est le moteur de ma peinture. Je pense que la peinture abstraite fait souvent le choix de la forme en soi, de l’idée, du minimalisme. Pour ma part, je tends à montrer ce qu’elle peut aussi comporter d’impureté, de lyrisme, de sensualité, tentant de renouer avec une certaine abstraction qui était aussi celle d’une époque, des années 50 à 70, où le sublime et l’utopie étaient encore convoqués.

Je m’autorise ainsi quelquefois un détour par la figuration évanescente et amateur qui donne à voir un rapport affectif et nostalgique à cette grande figure de la scène lyrique. A travers l’alliage du plâtre et du tissu, je propose une vision refroidi du drapé, qui subvertit aussi le rapport au support habituel qu’est la toile de lin, que je choisi ancienne.

La question de la trace, du résidu est aussi posée. Celle d’une teinture noire, qui peut rendre les cheveux noirs corbeaux de la cantatrice, l’empreinte que nous laisse une petite phrase musicale, où quelle nébuleuse nous laisse en mémoire une représentation photographique. Je forme ainsi des représentations résiduelles.

La poursuite de mon projet réclame un environnement favorable à son expansion. Il nécessite un espace suffisamment grand pour questionner la mise en espace des différentes pièces produites, et la mise en œuvre de formats plus importants.

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